Librairie de demain

librairie-de-demainEtudiant à l’Ecole de design Nantes Atlantique, Guillaume Herlédan a suivi une formation de designer d’espace pendant 3 ans puis le master culture numérique, spécialité « interfaces tangibles » via le READi design lab de l’école. En 5e année, il choisit de proposer comme sujet de fin d’études : « la librairie à l’ère du numérique »

Pourquoi avoir choisi le sujet du livre et de la librairie ?

Si l’on doit travailler sur un sujet pendant plus d’un an, autant choisir en choisir un qui nous plaît. Mon intérêt pour le livre ainsi que de nombreux articles alarmistes sur la situation des librairies « traditionnelles » m’ont conduit à choisir comme sujet : La librairie à l’ère du numérique. Dans bon nombre de ces articles, deux « prophéties » revenaient sans cesse : le livre numérique tuera le livre papier et la vente en ligne tuera la librairie traditionnelle.

Pourtant le libraire est un acteur majeur de la culture, très difficile à remplacer. Expert dans son domaine, il propose une offre culturelle choisie et dispense des conseils de lectures qu’Amazon n’est pas en mesure de donner.  S’ils peuvent se révéler excellents, ce ne sont pas les conseils de « Fandepolars44 » qui remplaceront l’expertise du libraire.

Ainsi, si les géants de la vente en ligne peuvent contenter celui qui sait précisément ce qu’il cherche , ils ne peuvent remplacer le libraire dans son rôle de conseils, d’accompagnement ou encore de « découvreur » ou « re-découvreur » d’ouvrages.

Quelles étaient les lignes directrices de votre projet ?

Le numérique bouleverse les habitudes et usages traditionnels. Si le milieu du livre est moins touché par la dématérialisation que le cinéma ou la musique, il est certain que le livre numérique va prendre de plus en plus de place. Demain, nos enfants apprendront peut-être à lire sur une liseuse ou une tablette et ils seront sans doute moins attachés que nous au livre papier. Selon certaines études effectuées auprès de professionnels du livre, le livre numérique devrait occuper 20% du marché en 2020 contre 1,1% en 2014.

Il est donc important pour les libraires de se positionner dès aujourd’hui sur le livre numérique. Il faut commencer à envisager de quelle manière elles pourraient s’emparer de ce nouveau support, le promouvoir et le proposer à la vente tout en conservant la singularité, l’essence de la librairie « traditionnelle ».

Les questions auxquelles j’ai tenté de répondre étaient donc celles-là : comment intégrer sensiblement le numérique dans le temple du livre ? Comment vendre un livre impalpable ?

Décrivez-nous le dispositif sur lequel vous avez travaillé ?

Aujourd’hui certaines librairies proposent d’acheter des livres numériques via de grosses bornes, sortes de distributeurs bancaires inesthétiques qui tranchent bien trop avec l’esprit des lieux.

Le dispositif que je propose se compose de deux éléments  :

  • un dispositif de promotion du livre numérique…

La vitrine d’une librairie constitue l’interface entre la rue et l’intérieur de la boutique. Elle reflète l’identité du lieu (librairie généraliste, spécialisée, etc.). Elle est également un outil de promotion du livre : on y expose les nouveautés, les coup de cœurs, etc.

J’ai ainsi pensé à promouvoir le livre numérique par le biais de la vitrine en y faisant défiler des extraits de livre proposés dans la librairie. L’objectif : interpeller, intriguer le passant et l’inviter à entrer.

J’ai imaginé deux modalités d’utilisation de cette vitrine interactive :

1. le libraire propose lui-même les nouveautés ou ses coups de cœur.

2. en associant un capteur de présence aux différents rayons de la librairie, c’est le visiteur, en explorant la librairie, qui est à l’origine des extraits diffusés sur la vitrine. Cette deuxième méthode permet deux choses : remettre au goût du jour un livre qui serait paru il y a peut-être plusieurs années et témoigner de la richesse de la librairie ; refléter l’activité de la libraire, montrer aux passants ce qu’ils sont susceptibles de trouver à l’intérieur, ce que les visiteurs qui sont déjà entrés sont en train de regarder.

  • et un outil permettant l’achat de livre numérique.

La deuxième problématique concerne la vente du livre numérique lui-même. Comment vendre cette « chose » immatérielle dans un magasin physique ?

Les technologies de reconnaissance d’images ou de textes sont de plus en plus performantes. L’idée est donc d’utiliser la couverture du livre papier comme point d’accès vers son pendant numérique. Il s’agit donc de mettre en oeuvre une application capable d’analyser la couverture d’un ouvrage et de diriger le lecteur vers la boutique en ligne de la librairie, sur l’ouvrage en question.

Guillaume Herlédan présentera son projet au Salon du livre, sur le stand de l’Alliance ATHENA, dans le cadre du programme Lectures à inventer.


Guillaume Herlédan

Le CV de Guillaume Herlédan

Originaire de Pont-Aven, la cité des peintres, guillaume Herledan entre à L’École de design Nantes Atlantique dans le but de se former au design d’espace et à l’architecture d’intérieur. Après 3 années de découverte des espaces et de l’architecture et dans lesquels nous vivons et évoluons, il intègre le master « Interfaces tangibles » et le laboratoire READi de L’école de design. Le croisement de ces formations lui permet alors de travailler à la conception d’un espace tout en y envisageant en amont l’usage du numérique. Cela se matérialise bien sûr par des dispositifs interactifs in-situ mais aussi par des services numériques qui peuvent être propres à un ou plusieurs lieux.

Ce projet sur la « librairie de demain » est la résultante de ces années d’études consacrées au design d’espace et au numérique et de son attachement à cet objet qu’est le livre.